LOÏC : (Il épluche une orange.) Orange du matin, chagrin. Je touche du bois, jette du sel par mon épaule gauche, embrasse mon amulette, touche ma patte de lapin, caresse mon piment en plastique, astique mon fer à cheval, plante et récolte mes propres trèfles à quatre feuilles, une coccinelle sur mon doigt, un grillon dans ma chambre, une salamandre sur le mur, Inch’Allah Dieu merci je ne porte pas de vert, je dis guinde, je pense au pape en marchant dans la merde avec le pied gauche, je me lève du pied droit, non : je ne suis pas passé sous une échelle, mon nom et mon prénom commencent par la même lettre, je ne pose pas le pain à l’envers, je n’ouvre pas un parapluie en intérieur, pas de miroir brisé, je ne répèterai jamais trois fois 666, nous sommes vendredi 13.
La nuit, de toute façon, les chats sont gris.

Ecrit et mis en scène par Stéphane Raveyre pour les élèves de l’Académie
(Ecole d’acteur du Centre Dramatique National du Limousin)

Avec Nicolas Dubost, Elise Hôte, Suzanne Maia et Sandrine Nogueira
Assistante à la mise en scène : Marie Blondel

Créé en septembre 2002 à L’académie Théâtrale de L’union
En coréalisation avec Amnesty International.
Représenté le 14 novembre au Centre Dramatique National du Limousin, le 12 novembre 2002 au Lycée polyvalent P.Eluard de St Junien, le 30 novembre à la Salle du Rio à Périgueux, le 10 décembre à la Salle de la Sénatorerie à Gueret, le 13 décembre au CIVROD de Bergerac et le 19 décembre à la salle des fêtes de Tulle.

Extrait

Une salle des fêtes. Trois jeunes filles et un jeune homme entrent. Ils portent des bagages, ils s’embrassent, s’installent.

LOÏC : Je ne sais pas mon texte.
CHLOE : On ne se connaît pas.
ANAÏS : Où sont les toilettes ?
LOÏC : C’est parti pour une semaine.
CHLOE : Je prends un air sympathique.
LOÏC : Elle est belle.
CHLOE : Il est beau, je l’aime.
ANAÏS : C’est moche, ici.
CHLOE : C’est sympa ce chandail.
ANAÏS : Elle est quoi, elle ? Comédienne ?
LOÏC : Je me force à avoir l’air sympa.
CHLOE : Je ne sais pas mon texte.
ANAÏS : Je souris, un peu, mais pas trop.
CHLOE : Pourquoi elle sourit comme ça ?
LOÏC : Je veux avoir l’air ouvert.
ANAÏS : Open.
CHLOE : Aware.
LOÏC : J’ai peur.
CHLOE : J’ai peur.
ANAÏS : J’ai peur.
MARION : Ils ont peur. C’est mon rôle de faire en sorte que tout aille bien. Si chacun y met du sien, il ne devrait pas y avoir de problème. Une semaine, c’est trop court. J’espère qu’ils savent leur texte.
ANAÏS : On capte ici ?!

 
L’Académie, Ecole Supérieure Professionnelle de Théâtre du Limousin
Theatre de l’Union