Quatre histoires pour le jeune public à partir de 4 ans, sur une proposition de Carlo Bondi, production En Bonne Compagnie.

Adapté des Contes pour enfants de moins de trois ans d’Eugène Ionesco (1967-1971)

C’est un jeu des plus familiers. Un père raconte chaque matin des histoires à sa petite fille. Quatre fois Josette frappe à la porte de la chambre de ses parents et quatre fois, papa se prête au jeu. Il l’emmène en avion du lit au soleil, lui explique qu’un téléphone est un fromage, un fromage une boîte à musique et que Jacqueline a deux sœurs qui s’appellent Jacqueline et Jacqueline !
Écrivant quatre contes spécialement pour les enfants, Eugène Ionesco y incorpore toute la folie du théâtre de l’absurde, mais surtout beaucoup de tendresse.

Mise en scène et scénographie : Stéphane Raveyre
Avec Carlo Bondi et Laurent Bastide
Voix off : Juliette Lhorme et Valérie Gonzalez
Assistante à la mise en scène : Amna El Batrawi
Animations visuelles : Topotrope
Construction décor : Maxime Duchand
Attachée de production : Sylvie Vaporis
Photos : Sandrine Binoux

Production En Bonne Compagnie
Co-production Elektro Chok [Théâtre]
En tournée pour les saisons 2018/2019 et 2019/2020

En résidence de création en 2016 à La Cacharde de Saint Peray, en 2017 à La Trame de Saint Jean Bonnefonds, au Théâtre Jean Dasté de Rive de Gier. Création du 12 au 16 juin 2017 au Festival L’Enfance de l’Art à Saint Peray, du 18 au 25 octobre 2017 à l’Elektro Choc [Théâtre] à Saint-Etienne, le 13 février 2018 au Centre Culturel de La Ricamarie

NOTE DE MISE EN SCENE

Ces contes sont une curiosité dans l’œuvre du « prince de l’absurde », Eugène Ionesco. Un cas d’école. Car ici pas d’absurde, mais une situation réaliste et universelle, celle d’un père qui raconte des histoires à sa fille. Le père et la mère ont un train de vie d’artistes, le soir ils vont au théâtre, puis au restaurant, puis au guignol… Ils se lèvent tard et sont un peu paresseux. Une vie de bohême mené sous l’œil d’une bonne récalcitrante qui se trouve souvent à prendre en charge la petite.

Le père attendrait peut-être de son existence qu’elle soit un peu plus inattendue, un peu plus surprenante, libre et folle. Et c’est quand il emmènera la petite Josette, conquise, dans des histoires où le téléphone s’appelle un fromage, la chaise une fenêtre, et les bras des pieds, que nous retrouverons enfin l’esprit du théâtre de l’absurde. On sent qu’Eugène Ionesco se cache derrière ce père amusé et amuseur, plus enfant que son enfant, avec une capacité de jeu et d’imagination prête à se lancer à tout moment, sur tout sujet…
Quand d’autres textes de Ionesco décrivent des séries d’objets pour raconter l’oppression du monde concret, on sent plus dans les Contes une délectation pour la rythmique et l’arithmétique des inventaires à la Prévert. Quand dans le Conte N°3 le père embarque de son lit pour un voyage en avion, on retrouve un de ces grands voyages vers la lumière, propre à l’œuvre de Ionesco, une chevauchée existentielle qui nous arrache de la matérialité. C’est là, dans ces histoires contées, que le père s’échappe par le haut du regard trop adulte de la bonne, des voisins, des clients de l’épicerie d’en bas, tous ces garants de la bonne morale. Ionesco se délecte de les offusquer en édifiant un monde désinvolte et léger. Dans la tradition des expériences surréalistes et dadaïstes, l’auteur se joue des images et des mots, sème une joyeuse confusion entre ce qui est vu, ce qui est dit et ce qui est rêvé. Avec cette déstructuration du langage, déraisonnable et anticonformiste, Ionesco nous invite à rester au jeu, et souligne l’importance de ne pas perdre le lien avec l’enfant que nous avons été. C’est le tour de force de ces quatre petits contes pour enfants, celui de s’adresser aux adultes, et en même temps, avec attention et tendresse, aux enfants.

Notre bienveillance à nous, qui adaptons ces contes à la scène, sera de permettre aux petits et grands visiteurs de construire le spectacle avec nous, avec un dispositif scénique qui les rendront spectateurs actifs.

Stéphane Raveyre

Captation du spectacle

Photos : Sbinoux et Guy Dardelet