Spectacle conçu à partir des rencontres de Caroline Michel avec des résidents de maisons de retraite de la région stéphanoise, et de textes écrits par Caroline Michel et Stéphane Raveyre.
Création en octobre 2010 à la friche industrielle Ursa Minor (Site Mosser à St-Etienne).

Conception, scénographie et mise en scène : Stéphane Raveyre
Assistante à la mise en scène : Sabrina Lorre
Accessoiriste : Chloé Raveyre
Régie lumière : Richard Grattas
Régie son : Fourmi
Graphisme : Laure Oustrie

Production La Réserve avec le soutien de la Ville de St-Etienne.

Avec Hacène Bouziane, Justine Champauzas, Thomas Collet, Nicolas Dalle Fratte, Noël Faure, Jean-Pierre Gayet, Yolande Guillot, Barbara Kaloustian, Caroline Michel, Stéphanie Pouquet, Margot Ségreto, Catherine Séon, Valentine Séon, Bruno Zancolò.

En collaboration avec la Résidence d’Automne (direction M. Hins), Résidence de la Cerisaie (direction Mme Jacquemont), Résidence Les Hortensias (direction M. Croibier), Ursa Minor et l’association Petits Travaux

C’est en questionnant ma grand-mère un jour sur son histoire d’amour avec mon grand-père, et sur la correspondance qu’ils avaient entretenu pendant la guerre que je me suis faite envoyer promener :
« Je ne veux pas vous en parler, ni que vous tombiez un jour sur ces lettres, donc j’ai tout brûlé ».

À partir de ce refus catégorique, j’ai eu envie de poursuivre mon investigation, et de rétablir en moi ce que je ressentais comme une injustice. Nous avons donc contacté différentes maisons de retraite à Saint-Etienne, début 2009, afin de pouvoir rencontrer des personnes âgées qui voudraient bien nous parler de leur vécu, de leur expérience de l’amour. Trois établissements nous ont ouvert leurs portes pour venir présenter à quelques personnes intéressées le but de notre démarche. Nous avons ensuite pris rendez-vous individuellement avec les personnes prêtes à se livrer à un entretien d’une heure environ. Nous avons ainsi récolté une quinzaine de témoignages.

BIN’S, BINTZ, BINZ : LANGAGE FAMILIER peut s’imaginer comme une enquête. Une page de journal où les grands faits d’actualité côtoient les brèves, les interviews, les photographies, les fictions et les mots-croisés. Ce spectacle est l’occasion de dresser des portraits d’hommes et de femmes, de divers âges et époques. Nous sommes dans un style de théâtre documentaire. Ces documents vivants doivent trouver une place dans la représentation, car l’objectif est bien de jouir des outils de la théâtralité. Un équilibre est à trouver entre explosion du réel et implosion des paramètres de l’art.

Le choix de l’espace de représentation entre en jeu – un lieu qui permette à la fois une très grande proximité entre acteurs et spectateurs, et des possibilités de distance pour revenir à une théâtralité prononcée.
L’interprétation est confiée à des actrices et des acteurs de générations distinctes. Les différentes vitalités, les parcours de chacun, peuvent eux aussi participer au propos du spectacle : approcher un mythe contemporain sur la généalogie.

C.M. et S.R.

La Gazette de la LoireLa Tribune Le Progrès

EXTRAIT

L’amour pour moi a commencé très tôt du fait que je connaissais ce garçon, j’avoue qu’on n’était pas initié à mon âge, comme ils sont maintenant… c’était peut- être plus pur, plus net, mais j’avoue que pour moi avec mon mari ça a été quelque chose d’extraordinaire. On sortait avec des copains, des copines, mais je n’ai jamais envisagé de voir un autre garçon. Dans ma famille il y a eu un garçon d’une famille, qui ont agi auprès de mes parents pour demander ma main, comme ça se faisait de notre temps mais moi je les ai envoyé promener.
Toute jeune, je le connaissais déjà, je savais qu’il allait à la messe à St-Anne et ben je m’arrangeais pour y aller.

C’est très difficile de comparer l’amour avec ce que c’est maintenant, parce qu’on était moins initié. L’amour c’était quelque chose qu’on ne connaissait pas, c’était : qu’est-ce qui va m’arriver ? On savait pas grand chose. Mais je pense que maintenant c’est trop. L’amour qu’est-ce que c’est pour les jeunes de vingt ans ? C’est coucher l’un avec l’autre et puis c’est tout. Moi je n’ai pas été curieuse de savoir plus, ça me suffisait.

Si y’avait pas l’amour, y aurait rien.
On s’est jamais couché sans se dire au revoir. On s’est jamais couché fâchés sur l’oreiller.

Qu’est-ce que vous pourriez faire avec ce que je vous dis… une femme en larmes ?
L’amour c’est bien, à condition d’être corrects en actes et en paroles.
Autant je trouve que c’est très beau un couple qui a vraiment du sentiment, le reste c’est…